Jean

undefinedLa maison nous paraissait si grande, elle avait un parfum extraordinaire, un cocktail de parfums mélangés entre celui de la cire, de la lessive, du bois, du charbon, du potage... et puis ses bruits, la voix de nos grands-parents, les va et viens de grand-mère dans la cuisine entre le fourneau et son évier ou la table... 10H du matin, la petite pose "vin-biscuit" avec grand-père assis à sa place à table le regard à travers le voilage de la fenêtre... le gris du temps ne le perturbe pas, il lui en faut bien plus et, il y a eu bien plus...mais tout cela est si loin maintenant... son premier mariage, sa fille et puis son veuvage... c'est du passé tout ça, maintenant il est là avec Suzanne et il est bien. Pourtant rien a voir avec sa première femme ; une rouennaise, une "bourgeoise" comme il aime à la plaisanter. Veuve depuis peu avec une fille de 15 ans...coiffeuse de son état installée chez elle dans un quartier résidentiel de Rouen... Il n'en revenait pas qu'une femme comme elle pouvait l'avoir choisi, lui Jean. 
Depuis leur rencontre grâce aux petites annonces du "Chasseur Français" sa vie c'était transformée et ne cessait d'avoir des rebondissements. Parfois cela le déconcertait... mais comment faire ? Suzanne tenait trop à sa fille et il lui a bien fallu céder et accepter qu' Anne-Marie s'installe avec son bébé dans la précipitation. De plus, enceinte... pour lui, c'était n'importe quoi cette situation, comment son mari pouvait bien la laisser se réfugier ici, il a l'air plutôt bon garçon ! Mais d'après les dires de sa belle-fille ce dernier n'a aucun pouvoir sur sa propre mère et ce serait celle-ci qui déciderait de tout , même dans leur jeune couple.
Et là, c'est décidé Anne-Marie et Daniel entame une procédure de divorce. Suzanne était dans tous ses états.

Mon Grand-père Jean était un petit homme bien campé sur ses courtes jambes, discret mais sûr de lui. Il est "tombé" amoureux de ma grand-mère tout de suite, elle avait 45 ans, brune, enjouée avec un rire qui éclatait comme un rayon de soleil, un peu ronde et avec un petit air de bourgeoise qui ne lui déplaisait pas. Elle était propriétaire de sa maison où elle avait ouvert son salon de coiffure, elle aurait pu être heureuse de tout cela mais elle savait qu'elle n'arriverait pas à garder cette belle maison seule avec ses petits revenus que lui procurait son travail. Il était ravi à l'idée de lui permettre de garder une telle maison, l'aider à l'entretenir et grâce à son salaire de cadre au chantier naval il n'y aurait plus de crainte de quoique ce soit. Il voulait son bonheur et sa tranquillité. Et puis, lui-même avait une grande fille, peut-être qu'elle pourrait s'entendre avec la fille de Suzanne ?
La suite des évênements lui appris que rien ne se passe comme on le souhaitait. Il y a toujours des imprévus, des discordances entre les tempéraments et la fille de Suzanne avait justement un tempérament particulier. Il était temps pour Suzanne qu'il arrive dans sa vie car elle se faisait malmener par sa fille. Celle-ci n'en faisait qu'à sa tête et se moquait bien de l'autorité que sa mère tentait d'avoir. Donc l'arrivée de Jean n'arrangea pas les affaires d'Anne-marie et elle ne tarda pas à lui faire face. Mais rien ne l'ébranla et malgré qu'il n'était pas vraiment "chez lui" il lui fit bien comprendre qu'il tenait à vivre tranquillement avec celle qui l'avait installé ici-même !
Le mariage d'Anne-marie fut bien venu pour tout le monde, Suzanne en était rassurée car elle ne pouvait pas demander à sa fille de s'installer dans un petit appartement, ses revenus et l'apprentissage de sa fille en coiffure ne le permettant pas. C'est le fils des patrons d'Anne-marie qui était l'heureux élu ! Elle avait était étonnée au début mais comment le dire à sa fille ? Celle-ci n'acceptant pas de critiques. Elle avait hérité le caractère de son père disparu... susceptible, caractèriel... un rien la met dans des colères terribles qui ne durent pas, mais comme un coup de tonnerre vous laisse surpris et sans voix. Après, que voulez-vous faire ? Suzanne en souffrait mais ne disait rien, elle avait l'habitude et puis, on ne renie pas son enfant.
Jean l'aidait beaucoup, lui avait un caractère plus conciliant, sévère mais égal. Enfin, plus d'éclats de voix, de portes qui claquent, l'escalier qui résonne sous des pas précipités et rageurs... La maison paraissait un peu vide sans Anne-marie mais trés vite Jean la remplira de plaisanteries, d'airs sifflotés, de bruits de bricolage montants du sous-sol où il a installé son atelier, et puis il était toujours à lui dire un petit mot d'amour et à la plaisanter... elle adorait cela, elle était bien avec son Jean.
Malheureusement du côté de sa fille très vite elle compris que son couple n'allait pas. La belle famille d'Anne-marie n'était pas comme elle pensait au départ. Sa fille ne s'entendait pas avec sa belle-mère et cette dernière avait la main mise sur son fils. 
Jean pensait qu'il ne fallait pas trop qu'elle s'en préoccupe, mais malheureusement à la suite de la naissance de leur première petite fille, les craintes se confirmaient. Anne-marie allait venir se réinstaller à la maison, ce fut leur première vraie dispute, mais l'amour l'emporta et Jean céda de bon coeur pour préserver l'amour de sa "petite femme". Il savait qu'il fallait l'aider à supporter encore cette épreuve.
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